Une forêt sombre, quelque part sur cette Terre bleue. Un homme allongé contre un érable. Il est blessé, mourant. Une horde a l'air de l'avoir piétiné. Une jeune femme essaie en vain de panser ses blessures. Il la retient, et lui dit dans un soupir :

"Non arrêtez, je vais mourir, écoutez plutôt ce que j'ai à vous dire. Il y a sur cette Terre, d'apparence si paisible, une guerre secrète, un complot opposant des races ancestrales visant à obtenir la totale jouissance d'un de vos bien les plus puissants. Le kernel 2.6"

La jeune femme s'arrête, ébahie, ahurie.

"En effet, contrairement à ce que vous, gentils humains, pensez, la Magie existe. Elle est même puissante, de plus en plus puissante. Elle se manipule dans des structures que l'on nomme kerns. Un kern fournit de la puissance à qui sait l'utiliser. Cette puissance est donc recherchée dans toute l'univers. Et vous humains, frêles créature à l'intellect tortueux, si vous n'avez pas l'air de pouvoir manipuler cette Magie consciemment, votre inconscience, que dis-je, vôtre folie meurtrière, vous fait façonneur parmi les façonneurs.

Je suis un Scolien, et notre race cherche les kerns pour nous servir de leur puissance contre nos ennemis de toujours : les Petits Gris. Par l'entremise de frêles pions , notre lutte est sans merci.

Il y a actuellement quatre kerns sur vôtre Terre, le premier est sous l'emprise d'une église corrompue basée en Amérique. Le grand prêtre de cette église est l'un des rares humains qui sait se servir de la Magie. Il projette de conquérir le monde, car cela seul pourra rendre satiété à son appétit abyssal."

Elle est suspendue à ses lèvres, buvant ses paroles, comme un élixir impie.

"Le second est protégé par des hordes de démons mélomanes. Il est bien trop dangereux de s'en approcher. Nous l'avons appris à nos dépends. Le troisième n'a qu'un gardien, mais ce gardien est un gourou courroucé qui guide de sa flûte un troupeau de gnou. Enfin, le seul qui nous semble accessible est un kern crée par un grand magicien, seulement défendu par un pingouin qui passe son temps à se gaver de poisson. Quatre éléments, quatre cardinaux, quatre kerns. Tout est lié. Or donc ces kerns sont protégés, par des sortilèges que nous connaissons sous le nom de litsensgipili, litsensbisdi, sharedsushi invoqués par les tenants des kerns. Ces sortilèges invoquent des hordes de redoutables guerriers, les avoks pour protéger les kerns de toute utilisation abusive. Nul n'est jamais sorti intact d'un contact avec ces vampires.

Heureusement pour nos projets, comme pour toute source, il y a des résurgences. Non loin d'ici se trouve la mythique clairière de Fembel, résurgence de trois des plus purs kerns. La s'ébattent en de doux murmures des bavardages insouciants et ignorants de leur vrai nature."

L'homme halète, aspire goulûment une bouffée d'air qu'il sait pertinemment l'une des dernières.

"Nous, Scoliens, avons prévu de nous emparer à la fois de Fembel et du trésor que tisse un grand magicien et que protège un pingouin repu : le kernel 2.6. Pour cela nous avons envoûter une société qui possédait des droits sur un kern voisin de celui du pingouin, et nous leur avons insoufflé la mission de lancer leurs guerriers sur le pingouin arguant du fait que le kern de celui ci n'était qu'un résurgence du leur . Pour Fembel, nous nous appuyons sur une horde de démons de basse fosse, les fufeux, créatures avides de souiller la pureté de cette clairière.

Or nos plans marchaient, mais les féeries de Fembel résistaient toujours et encore à l'envahisseur fufeux. De l'autre coté la peur, le doute et les mensonges assaillaient ce pingouin bouffi.

Malheureusement nous avions fait nos plans sans compter l'Église et nos vieux ennemis : les Petits Gris."

Tout d'un coup l'homme ferme les yeux et les rouvre brutalement, il semble, pour la première fois, voir la jeune femme. Elle est jeune, elle a une longue chevelure corbeau et des yeux vert pâles.

" Vous n'étiez encore que dans les langes, mais parallèlement à l'ascension de notre société, les Petits Gris n'étaient pas inactifs. Il avaient pris le contrôle d'une société, eux aussi, et s'approchait rapidement de la domination de tous les kerns existants. Malheureusement pour eux, les dirigeants humains de cette société ont succombés à la langue de vipère du grand prêtre de l'Église. Et ils lui ont cédé pour de vils récompenses leur puissance naissante. Le châtiment des Petits Gris envers leurs pions fut inéluctable, mais cela était trop tard. L'Église était désormais en position de force et répandait sur les humains la lancinante mélopée du sortilège de Newbie.

Nous nous croyions alors débarrassés de nos ennemis sur cette Terre. Malheureusement pour nous, ils ont commencé, petit à petit, à rebâtir leur emprise, leur empire. Ils ont signé un accord avec le pingouin, et pratiquement seul les Dinosaures voyaient ça d'un mauvais oeil.

Et lorsque que nos avoks les ont attaqués, ils ont lancé une contre attaque. La guerre est ouverte maintenant entre nos deux sociétés. De nombreux guerriers périront dans ce combat.

Jusque la nous étions encore confiants même malgré la guerre. mais la malice de l'Église nous a joué un bien mauvais tour. Par des moyens encore inconnus, son grand prêtre a arrivé à faire dévoiler par nôtre société un morceau de code sous litsensbisdi, nous affaiblissant fortement dans nos effort de conquête envers le pingouin . Nous luttons maintenant pied à pied contre les Petits Gris..."

La phrase se termine dans un soupir, l'homme aspire une dernière bouffée d'air, et prononce une dernière phrase cryptique :

"N'oubliez pas, Quatre est la clé, Quatre et sa moitié forme le fondement de l'univers."

Il meurt. La jeune fille ferme les yeux du mort.

Elle a décidé de ne plus suivre les préceptes de l'Église, de trouver cette clairière de Fembel, de résister au sortilège de Newbie incanté sans cesse par l'Église, et de défendre la place des humains faces aux Scoliens et aux petits gris. Elle s'en va.

Derrière un arbre prés du mourant, une voix furibonde :

"Tu as vu comment il m'a traité : de pingouin repu, de pingouin bouffi !!!! Il a de la chance d'être mort cette enflure."

Une autre fois chantonne : "Share the software... You will be free hackers."

La première s'énerve : "Nom de Dieu, tu vas arrêter avec cette chanson !!!!"

puis plus calmement "Bon viens le gnou, ton maître nous attend ."

Deux silhouettes s'éloigne du corps,et nous pouvons voir des traces de palmes et des traces de sabots.

Le silence se propage de nouveau dans la forêt. Tout semble calme.

Mais aucun de nos trois protagonistes ne sait qu'un terrible danger les attends dans l'ombre.

Car, dans l'ombre, le Troll attend en rêvant...